Bonjour à tous,
L’échauffement au piano comme partout, est très important. Cet article vous présentera 6 exercices qui devraient vous prendre 10 à 15 minutes chaque jour que vous pratiquez. Une vidéo et la partition associée sont inclues pour vous aider !
Pourquoi s’échauffer ?
Il est un travail que beaucoup de musiciens oublient : l’échauffement ! C’est une étape indispensable. Il permet une amélioration de la technique, et une prévention des blessures. Je ne vous parlerai pas de la frustration d’une tendinite du doigt (Si ! si ! Ça existe, ils en parlent : ici et ici par exemple), ni d’un ami batteur dont les ligaments du genou se sont déchirés (trop de double pédale).
L’échauffement a pour but de rendre les doigts « chauds », d’augmenter la souplesse et l’endurance.
Vous ne trouvez pas ça bizarre que toutes les activités physiques commencent toujours par un certains nombres d’exercices préparatoires ? Mais pas au piano…
Pour ceux qui pratiquent des sports de combat, est-ce que l’on commence directement à se « mettre sur la figure » après avoir enfilé le kimono. La réponse est non, et pour cause !
Pourtant j’ai vu au conservatoire des chanteurs (dont le besoin d’échauffement est plus que nécessaire) de 3ème cycle démarrer un cours directement par des chants, sans préparation. Le professeur ne voyant pas l’intérêt (je passe là-dessus…).
L’échauffement
Une fois que vous aurez bien dompté et compris les exercices, il vous faudra consacrer à ce travail 10-15 minutes environ, tous les jours où vous pratiquerez le piano. Cependant, après une sortie en hiver ou une longue pause, une répétition rapide des exercices peut être intéressante.
L’échauffement, concrètement ?
Améliorer l’élasticité musculaire constitue un excellent moyen de prévention des foulures et même des déchirures musculaires. Cela permet également une meilleure coordination. Les étirements ont une action extrêmement bénéfique car ils étirent les ligaments. Le fait de posséder des articulations déliées permet la réalisation de gestes plus amples, ce qui permet de prévenir certains traumatismes. Le stretching augmente l’espace dans la capsule articulaire, diminuant ainsi les risques de frottements. Il permet une diminution du risque de luxation, voire de rupture des articulations, en raison de la souplesse articulaire plus grande qu’il génère (principalement au niveau de l’articulation du genou). La contraction musculaire peut être une réaction à un état de stress. Cette forme de pression dans la masse musculaire est le plus souvent inconsciente et entraîne une dépense d’énergie inutile qui peut engendrer des blessures.
Je ne saurais vous dire à quel point la souplesse et la détente sont les piliers incontournables pour l’obtention d’une bonne technique au piano.
Vous partirez ainsi sur une base saine. Évitons de prendre de mauvaises habitudes au départ. Elles sont rattrapables MAIS à un prix qui décourage bon nombre de pianistes.
J’ai remodelé le travail de Cortot dans les Principes rationnels de la technique pianistique pour deux raisons : quand Cortot vous dit « vous en aurez pour 10 minutes pour faire ça », il vous faut la journée. Ensuite, pour vous montrer concrètement à quoi cela ressemble, ce qui n’est pas toujours évident avec notre cher professeur. C’est également la 2e version, je l’explique dans la vidéo, j’en profite pour adapter et corriger les petits problèmes que je rencontrais avec les élèves.
MAINTENANT, ECHAUFFONS-NOUS !
Je vous propose pour cela deux supports : une vidéo et une partition. Vous pourrez voir dans la vidéo l’échauffement en entier (sans les reprises).
COMMENT S’ECHAUFFER ?
Prenez la feuille dans vos mains, un regard sur l’écran et on est parti. L’échauffement au piano se compose de 6 étapes.
Échauffement n°1 – Les notes répétées
Rien de plus simple. Toutes les touches, sous les doigts, sont enfoncées. Vous ne pourrez probablement pas atteindre 60 la noire tout de suite. Surtout pas d’auto-flagellation, prenez votre temps, c’est un échauffement, pas un exercice. Même à un tempo modéré, son efficacité reste identique. Par conséquent, commencez à 40, puis dès que vous y arrivez, essayez d’atteindre 60 à la noire progressivement.
N’oubliez pas de tenir la dernière note de chaque mesure pour la transition.
Échauffement n°2 – Étirements verticaux des doigts
Là on commence doucement à compliquer les choses. Il y a 5 mouvements à exécuter :
I°/ Enfoncer la touche
Attention à ne pas plier le doigt !
II°/ Descendre le doigt le plus bas possible tout en conservant la position
C’est l’un des passages difficiles, surtout pour le pouce. Ce dernier étant le plus gros doigt de la main, vous aurez tendance à effondrer la main en son milieu. C’est exactement ce qu’il faut éviter ! Le pouce doit descendre sans faire bouger la main. Il en est de même pour tous les autres doigts, quand il descend les autres doivent rester immobiles. Par exemple : quand le 3ème doigt descend, le 2 et le 4 vont se plier. Pas de panique, on prend son temps, on essaye de garder le 3 en bas et de remettre les doigts ronds.
III°/ Remettre le doigt sur la touche SANS la faire sonner
Rien d’exceptionnel, pourtant c’est aussi une étape importante. Poser son doigt sur la touche est un exercice dont parle Heinrich Neuhaus dans son livre si ma mémoire est bonne. Le contact des doigts sur les touches permet une détente essentielle à tout bon jeu. Il faut sentir le poids du doigt qui « tombe » sur la touche sans la faire sonner. « Tout est une question de doigté »
IV°/ Lever le doigt le plus haut possible
Nous terminons donc cette deuxième étape avec ce dernier mouvement. Il faut lever le doigt le plus haut possible. Pour ceux qui ont déjà essayé, vous n’aurez probablement pas de problème, SAUF (!) pour le 3 et le 4. Comme vous le savez :
Pour les doigts longs il y a seulement l’index et l’auriculaire qui ont leurs propres extenseurs alors que les autres (majeur et annulaire) n’ont que des extenseurs communs aux quatre doigts. [ANATOMIE DE LA MAIN ET RELATION TENDON COUPLE ARTICULAIRE]
Ce qui veut dire en langage simple que si vous fermez votre poing, essayez de relever votre index. Vous pouvez le mettre dans l’alignement de votre avant-bras, mais ce n’est pas le cas pour les doigts 3 et 4 qui ont l’extenseur commun aux autres. Donc si vous tentez de lever ces doigts en gardant les autres « poing fermé », c’est impossible. Je vous renvoie vers la vie de Schumann pour en avoir un bon exemple…
Bref ! Pour les 1-2-5 vous les soulevez, pour les 3-4 faites ce que vous pouvez, au bout de 6 mois, un an vous verrez que vous gagnerez en souplesse. L’objectif pour vous est de les soulever au-dessus des touches noires.
V°/ Tenir la dernière note (c’est un détail qui a son importance) 😉
Échauffement n°3 – Étirements horizontaux des doigts
Je préfère vous prévenir, cette étape n’est vraiment pas facile. Il y a encore 4 mouvements à exécuter :
I°/ Enfoncer la touche
Attention à ne pas plier le doigt !
II°/ Tendre le doigt vers la gauche
Vous devez passer le doigt par-dessus le voisin de gauche. Je prends comme postulat que nous sommes en Do Majeur pour la main droite, il faut juste inverser le mouvement pour la main gauche.
Le POUCE va à gauche, puis à droite en passant en dessous de la main.
L’INDEX va à gauche en passant par-dessus le pouce (objectif : le SI ou encore mieux, jouer le SIb). Nous allons dans l’autre sens, le 3 est l’obstacle, nous mettre sur le 3.
Le MAJEUR va à gauche : l’objectif est de jouer le DO#. Ensuite nous allons à droite : l’objectif est de jouer le LAb.
L’ANNULAIRE va à gauche en épousant au mieux le MAJEUR, comme pour une substitution. Quand vous allez à droite : l’objectif est de jouer le LAb
L’AURICULAIRE passe par dessous la main pour aller sur la gauche, pour aller sur la droite
Les objectifs que je vous donne sont, pour les débutants, probablement impossibles. La souplesse est une question de temps et de régularité, donc prenez votre temps. Dans un mois, 6 mois ou un an vous vous rapprocherez des objectifs.
III°/ Remettre le doigt sur la touche SANS la faire sonner
Identique à l’étape 2.
IV°/ Lever le doigt le plus haut possible
Identique à l’étape 2.
V°/ Tenir la dernière note
Échauffement n°4 – Étirements verticaux des poignets
Il y a deux mouvements, le haut : je soulève les poignets le plus haut possible tout en gardant tous les doigts sur les touches. Le bas : j’abaisse mes poignets jusqu’à épouser le piano, comme si je voulais le pousser contre le mur. Ainsi de suite, dans toutes les positions.
Échauffement n°5 – Étirements horizontaux des poignets
Les accords restent les mêmes, mais nous modifions le mouvement des poignets. Vous devez opposer les directions, c’est-à-dire que si le poignet gauche va vers la droite alors le poignet droit ira vers la gauche. Écrit plus simplement :
Poignet droit ← // Poignet gauche →
Poignet droit → // Poignet gauche ←
Les doigtés extrêmes peuvent, même doivent, glisser sur les touches sans « perdre » la note. Les doigts doivent rester en contact avec les touches.
Échauffement n°6 – Étirements circulaires des poignets
Cette étape n’est pas difficile, mais un peu douloureuse (on « sent » le muscle, on a pas « mal » à proprement parlé) si on l’exécute correctement. Oui, je sais, on ne s’y attend pas, et pourtant. Les muscles de rotation du poignet, pris isolément, sont très faibles. Nous ne les utilisons pratiquement jamais. Donc l’écroulement n’est pas loin.
Sur la partition il y a écrit : « rotation horaire » et « rotation antihoraire ». Pas de panique, la rotation horaire c’est dans le sens des aiguilles d’une montre et antihoraire signifie l’inverse. Cette fois-ci l’exercice est toujours le même, tourner ces poignets, et UNIQUEMENT les poignets, dans un sens quand l’autre main fait l’autre, cependant la position change. Chaque temps de noire est un tour complet, vous ferez donc quatre tours complets par mesure dans un sens puis dans l’autre. Vous devez dessiner un cercle avec vos poignets. Divisez dans votre tête le temps d’une noire par 4. Je prends l’exemple d’un mouvement horaire : nous commençons par le bas, puis vers la gauche, c’est notre premier ¼ de temps. Le quart de temps suivant, vous déplacez votre poignet de la gauche vers le haut, et ainsi de suite pour revenir à la position initiale.
Vous comprendrez mieux en voyant la vidéo.
Pour passer d’une mesure à une autre, nous sommes à la première et à la deuxième mesure sur les notes : DO-RE-MI-FA-SOL, position de départ, et à la fin de la mesure 2 sur le 4ème temps je soulève mes mains pour jouer un autre accord : DO-RE-MI-SOL-LA. Je recommence alors les rotations pendant 4 temps dans un sens et 4 temps dans l’autre. Ainsi de suite dans tous les accords suivants.
Attention, comme d’habitude vous allez sûrement « compenser » (c’est-à-dire solliciter une partie du bras pour un exercice qui n’est pas nécessaire) en pliant les mains, en levant les coudes ou en montant les épaules. C’est interdit ! Si votre professeur peut vous tenir les coudes pendant l’exercice c’est parfait. Rien ne doit bouger sauf les poignets !
Les deux dernières mesures sont réservées aux grandes mains, si vous avez déjà des difficultés à jouer une octave, ce n’est probablement pas la peine. (Même si l’amplitude de la main peut s’agrandir avec le temps… mais c’est un autre débat).
Conclusion
Ne vous attendez pas à réussir l’échauffement au complet et dans les temps en une semaine, cependant l’objectif est de pouvoir tout faire en 10 – 15 minutes pas plus. Commencer par l’étape 1, puis dès que vous pouvez la jouer à 60 sans trop y réfléchir vous commencez à regarder l’étape 2. Vous regardez et tentez la première mesure en faisant bien attention à la position de la main, puis la mesure suivante. Essayez de remplir les premières 10 minutes de travail avec l’échauffement. Toutefois si vous n’en venez pas à bout ce n’est pas grave, vous tenterez d’aller plus loin le lendemain.
Faire une description à l’écrit est toujours délicat, par conséquent, si un point vous parait difficile à comprendre n’hésitez pas à me demander.
Bon visionnage et bonne lecture !
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Sources principales :
- Alfred Cortot, Principes rationnels de la technique pianistique, 2009, Salabert.
- John Petrucci – Rock Discipline (le début surtout).
- Lydie Raisin, Stretching, 2006, marabout.
J’espère que cet article vous aura plu ! Si vous êtes intéressé par la méthode et par l’univers du cahier du Cahier du pianiste en général :
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Vous êtes sérieux ?
Gilles, bonjour. Dans l’échauffement 3/6, il me semble y avoir une erreur… de recopie. Il est écrit : « III°/ Remettre le doigt sur la touche SANS la faire sonner. Identique à l’étape 2. ». or, ce n’est pas ce qui est dit, ni montré. En fait cela concerne l’exercice précédent. Sinon, c’est très intéressant. On peut aussi pour échauffer les doigts faire quelques massages de DO-In sur les articulations ou un peu de Yoga des doigts !
Bonjour Jean-Marie,
Tu as parfaitement raison, je ne le fais pas sur la vidéo, mais je le préconise pour les élèves.
Mais avec l’habitude, cette petite étape intermédiaire est passée à la trappe.
Merci d’ailleurs pour votre contribution ! Je vous souhaite bon courage pour votre aventure pianistique.